
États-Unis : le retour en arrière de la Cour suprême
Un document a fuité ce 02 mai 2022, indiquant la volonté de la Cour suprême de revenir sur l’avortement. Le droit des femmes à disposer de leur corps aux États-Unis est alors remis en question.
Une Cour suprême conservatrice
Pendant le mandat de Donald Trump, c’est près d’un tiers des représentants de la Cour suprême qui ont été nommés par lui. Et comme attendu, ils sont tous conservateurs. Aujourd’hui six juges de la Cour suprême sur neuf sont de la droite conservatrice.
Nommé à vie par un président, après approbation du sénat, ils partagent généralement le point du vue politique de celui ou celle qui est au pouvoir. Avec une puissance législative, exécutive et de juger, la Cour suprême tranche en dernier recours sur des lois et prends des décisions pour tous les États fédérés.
Jamais un plus immense pouvoir judiciaire n’a été constitué chez aucun peuple.
Alexis de Tocqueville
La mort de deux juges de la Cour suprême et la retraite d’un troisième a permis à Donald Trump et aux lobbies conservateurs de nommer trois nouvelles personnes.
Neil Gorsuch remplace alors Anthony Scalia, mort en février 2016. Le conservateur anti-avortement et marriage gay, Brett Kavanaugh, prend la place d’Anthony Kennedy qui a pris sa retraite. S’ensuit la mort de Ruth Bader Ginsburg, la progressiste la plus détestée des conservateurs. Elle est remplacée par la juge “pro-life” : Amy Coney Barrett.
Dans ce contexte et avec ce pouvoir entre les mains d’une Cour suprême conservatrice, les États-Unis font face à un revirement de situation qui semble inévitable, malgré le nouveau président Biden.
L’arrêt non-définitif du 2 mai
C’est dans le Politico qu’a fuité la version non-définitive d’un arrêt de la Cour suprême sur l’avortement. Celui-ci va directement à l’encontre de l’arrêté “Roe versus Wade” de 1973.
Cet arrêté avait étendu le 14ème amendement consacré au droit à la vie privée, pour les femmes, en leur donnant le droit à l’avortement. Cela a permis de rendre légale l’IVG jusqu’à 24 semaines sur l’ensemble des États-Unis. Au-delà de ces 128 jours, chaque État peut ajouter des prérogatives.
La Cour suprême veut restreindre cette liberté, en donnant cette fois-ci la possibilité aux États fédérés de supprimer ou non le droit à l’avortement. Ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses dans la majorité des États-Unis, où la moitié des États selon FranceInfo pourraient bannir l’avortement.
Une abomination, l’une des décisions les pires et les plus dommageables de l’histoire moderne.
Nancy Pelosi, Présidente de la chambre des représentants.
Si la Cour suprême décide de rendre une telle décision, il sera fort probable qu’elle s’attaque après à d’autres libertés, tels que le mariage entre deux personnes de même sexe. C’est un retour en arrière qui risque de faire du bruit sur une scène internationale de plus en plus conservatrice.